Dans les quartiers mal famés

Gwendoaëlline sortit en courant mais oublia de tourner à gauche à l'intersection; sans réfléchir, elle continua tout droit, encore perturbée par son étrange rencontre avec l’inconnu. Elle se demandait, en fixant ses pieds qui s’avançaient en rythme, pourquoi cet étranger était venu dans la taverne quand elle se cogna dans quelqu’un. L’homme dans lequel elle était rentrée grommela quelque chose qui ne devait pas être un compliment, et Gwendoaëlline s’excusa prestement, mais l’homme était déjà loin. En le regardant partir, elle s’aperçut d’un seul coup qu’elle marchait au hasard depuis un bon moment et qu’elle ne savait absolument pas où elle était : elle ne reconnaissait pas le quartier et encore moins la rue. Les galeries faisaient partie d’un quartier clair et bien éclairé, très fréquenté et agrémenté d’espaces verts; or elle se trouvait dans une ruelle sombre et étroite, et, excepté l’homme qu’elle avait heurté qui s’éloignait, il n’y avait pas âme qui vive. Elle leva la tête, et vit que les maisons étaient hautes et se touchaient presque à leur extrémité, formant des ponts d’un côté à l’autre de la rue. Elle marchait tête en l’air en se demandant pourquoi ces maisons étaient construites ainsi quand elle sentit une autre présence dans la rue. Elle se hâta de regarder en face et vit que quelqu’un arrivait en sens opposé. Il s’agissait d’un homme assez grand, qui avait les cheveux violets. Il ne semblait avoir de but précis : il marchait d’un pas très tranquille, comme s’il flânait. Elle ne savait pas si il l’avait vue ; en revanche, il pouvait sûrement l’aider à retrouver son chemin. Elle prépara une phrase dans sa tête pour ne pas balbutier au dernier moment et tenta de sa fabriquer un sourire. Elle était à quelques mètres du jeune homme et se préparait mentalement à lancer un agréable « Bonjour ! » quand, oubliant de regarder où elle marchait, elle marcha dans un trou rempli d’eau boueuse. Pestant déjà contre les rues mal entretenues, elle tenta de se rattraper en avant avec les mains. Ne trouvant évidement aucune prise de dernière minute, elle s’étala donc de tout son long dans la boue. Elle faillit lancer un chapelet d’injures inspirées des paroles des marins quand elle se rappela la présence du jeune homme. Aussitôt rougissante, elle se sentit stupide et se leva avant qu’il n’ait le temps de se moquer d’elle. Elle releva la tête dans une attitude de défi, le menaçant silencieusement des pires représailles s’il se moquait d’elle. Elle essayait de rester fière bien que la honte lui remplissait les entrailles. Déjà trois chutes stupides, et la journée était seulement à son milieu…

[HRP : Au cas où vous seriez des boulets intégraux, ce qui n’est évidement pas le cas, je parle d’Effenrir^^]

Mon instinct me conduisit au coeur de la ville....

*...Je pense que c'est la que je vais en apprendre plus sur cette ile...*

La ville semblait immense, et la première chose que je remarquais c'était la foule qui passait...Calanis, Elvins et humains confondus...enfin a première vue...

Etrangement, les constructions ne me rappelaient rien du tout...dans le peu de souvenir qui m'était revenu en tout cas...

Je décidais donc de marcher, pour observer, écouter et en apprendre sur cette ile...
Pendant près d'une heure, je marchais sans avoir de destination en tête....

A l'angle d'une rue, je débouchais sur un lieu qui semblait très mal entretenu, très différentes des rues que j'avais traversé auparavant.
De la boue sur le sol, des murs effrités, ce quartier semblait avoir été délaissé.

*...Peut-être quelquechose d'intéressant qui sait...*

Je décidais de m'aventurer en ce lieu. Pendant plusieurs minutes je ne rencontrais personne...

*...Peut-être un quartier abandonné...*

Cependant cela se révéla être faux... En prenant une autre rue, je pus apercevoir plusieurs personnes qui circulaient. Et soudain en passant près d'une jeune femme, je vis celle-ci trébucher au sol.
Je stoppais mon mouvement.

Très rapidement celle-ci se remit sur pied et me fixa du regard....

Vous allez bien ?

Le jeune homme aux cheveux étranges ne semblait pas désireux de se moquer d’elle. Gwendoaëlline eut honte de s’être mépris sur ses intentions et rougit encore plus. Elle cherchait un moyen de se rattraper quand elle se souvient qu’il lui avait posé une question.

Mmmmmmmmmmmm…

Elle s’arrêta, surprise. Elle avait oublié d’ouvrir les lèvres avant de parler ! Décidément, le jeune homme ne devait pas avoir une très haute image d’elle… Elle ne pouvait cependant partir en courant comme elle faisait lorsqu’elle sentait qu’elle ne pourrait se sortir d’une situation complexe. Elle était complètement perdue, et cet inconnu paraissait assez bien élevé pour ne pas la laisser dans l’embarras. Elle respira donc un grand coup et murmura :

Oui oui merci… Vous savez ce n’est pas la première fois, je n’en meurs pas ! Mais, euh, hum… Est-ce que vous habitez par ici ? Elle s’arrêta, se disant que ce n’était pas le meilleur moyen d’obtenir ce qu’elle voulait. Je veux dire… Vous sauriez où nous sommes ? Je me suis égarée… En fait, je travaille à la taverne, et un inconnu est arrivé, et on m’a chargée de m’occuper de lui, et il était, euh… étrange, d’ailleurs vous lui ressemblez un peu, enfin, non, pas vraiment, mais bon…

Elle voulait se donner une excuse et avait prononcé sa dernière phrase très vite. Elle se rendit compte qu’elle racontait n’importe quoi et décida d’arrêter les bêtises. Elle demanda d’un ton implorant, en espérant qu’il ne lui tiendrait pas rigueur de sa dernière remarque :

Vous pourriez m’aider à retrouver mon chemin, s’il vous plait ?

La jeune femme marmonna quelquechose d'inaudible au début puis elle parvint a parler normalement.

Elle avait fait allusion au fait qu'elle travaillait dans une taverne...et qu'elle était perdu...et que je ressemblais a quelqu'un...

Je l'observais attentivement....son accoutrement, sa facon de parler, de bouger...
En quelques secondes, je pus deviner approximativement sa personnalité....

Je ne sais pas ou se trouve cette taverne mais je peux vous indiquer la rue principale, de celle-ci vous pourrez surement retrouver votre chemin...

Elle est de ce coté. ...je peux la sentir.

Je pointais du doigt la direction.
En effet, en ce journée de marché, on pouvait nettement sentir l'odeur du poisson.... ( pas frais )

Gwendoaëlline se sentit stupide. Elle n’avait même pas réfléchi trente secondes avant de conclure qu’elle était définitivement perdue. Effectivement, on sentait d’ici l’odeur de poisson qui émanait de la rue principale. Elle aurait même pu commencer par retourner sur ses pas… Au lieu de ça, elle s’était ridiculisée inutilement devant un étranger. Sans compter qu’il était à présent trop tard pour aller chercher les fruits. Elle gémit intérieurement en pensant au moment où elle devrait annoncer à son patron qu’il faut attendre le lendemain pour être approvisionnés. Si seulement elle avait quelque chose pour servir de compensation… N’importe quoi qui lui éviterait de se poser des questions. Elle regardait les cheveux étranges du jeune homme et se dit qu’il s’agissait sûrement d’un Elvin. S’il acceptait de venir à la taverne, rien que pour boire une chope de bière, elle ne se ferait sûrement pas gourmander… Il arrivait parfois que des Elvins viennent à la taverne, mais d’un manière générale, ils étaient excessivement peut nombreux. Un Elvin aux cheveux violet vif ne manquerait pas d’attirer son attention. Si elle était chanceuse, elle pourrait aller chercher les fruits demain et les mettre dans la réserve comme si de rien n’était. Elle se décida donc et dit au jeune homme, en essayant de se donner l’air pas trop bête :

Merci beaucoup… Je devrais pouvoir me repérer maintenant. Euh… je m’appelle Gwendoaëlline. Voulez-vous venir à la taverne avec moi ? Les gens qu’on y rencontrent peuvent être intéressants, et mon patron serait peut-être moins d’humeur à… euh, disions que je vous veniez prendre un verre, vous rendriez un fier service. Pour vous remercier, je n’ai pas grand-chose… Mais je peux vous dire tout ce que vous voulez sur les gens du port. On apprend parfois des choses intéressantes… Puis, se souvenant de la formule que l’étranger de la taverne avait employée avec elle, elle ajouta : Acceptez-vous ?

Je la regardais attentivement avant de répondre...

*...Au vue de sa personnalité, en tout cas celle que j'avais décelé chez elle, elle ne semblait pas etre du type a tendre des pièges...
...Puis je pourrais surement apprendre des choses dans cette taverne...*

Je me courbais pour la saluer.

Mon nom est Effenrir.
Et si vous y tenez vraiment, je vous accompagnerais...

-C’est vrai ?!

Gwendoaëlline ne put retenir une exclamation devant la réponse d’Effenrir. Son visage s’éclaira, et elle eut même un semblant de sourire, allant jusqu’à oublier la chute qui l’avait ridiculisée quelques minutes auparavant. Elle se dit que décidément, le jeune homme devait être très aimable pour accepter de l’aider contre peu de chose. Elle fréquentait tellement les hommes du port grossiers et malhonnêtes pour la plupart que pendant une fraction de seconde elle douta des intentions du jeune homme. Puis elle se dit naïvement que quelqu’un aux cheveux violets ne pouvait vouloir de mal à personne ; sans compter qu’il avait déjà eu la gentillesse de ne pas se moquer d’elle quand elle était tombée. Elle ne le savait pas, mais cette infime hésitation se vit sur son visage très nettement : ses traits se durcirent soudainement, puis se détendirent à nouveau sans qu’elle en ait conscience. Finalement, elle regarda la jeune Elvin et lui dit :

-Dans ce cas, c’est d’accord ! Partons maintenant, on ne va pas rester ici. Vous avez bien dit cette rue ?

Elle s’engagea dans la direction qu’Effenrir avait indiqué juste avant, elle espérant qu’il marchait à côté d’elle ou du moins qu’il la suivait. Cependant elle n’osa pas tourner la tête pour le vérifier ; ce fut donc totalement dans le vide qu’elle ajouta :

-Vous n’êtes jamais allé à la taverne ? Après tout, vous n’avez l’air ni d’un marin, ni d’un domestique, ni d’un vieux monsieur un peu gâteux… En principe, ce sont eux qui viennent à la taverne. Pour les femmes, on voit surtout des femmes qui, euh… Je pense que vous avez compris, on voit ça dans toutes les époques. Elle rougit violemment, puis dévia vite le sujet. Au fait, de quelle époque vous venez ? On voit pas des cheveux comme ça tous les jours…

A aucun moment elle ne s’était dit que l’Elvin pouvait ne pas avoir envie de parler, que ce soit d’elle ou de lui, estimant qu’il lui rendait déjà un assez grand service sans devoir faire en plus la conversation. Mais elle avait trop peur que le silence s’installe entre eux. Son imagination partirait alors aussi vite qu’un cheval fou au galop pour s’imaginer les pires scénarios avec Effenrir. Elle préférait donc parler beaucoup, au risque de passer pour impolie, surtout que le jeune homme ne semblait pas très loquace. Elle attendit donc sa réponse avec angoisse, tout en continuant à marcher en suivant son odorat.

Nan je n'y suis jamais allé....

*...J'espère que c'est interessant comme endroit au moins...*

Je continuais de suivre cette jeune femme, Gwendoaëlline, tout en l'observant. Je marchais au meme rythme qu'elle, à quelques mètres derrière. Pas une fois elle n'avait tourné la tête...Cependant elle continuait à me parler...

Je suis devenu amnésique à ma venue sur cette île....
Par conséquent je ne pourrais vous répondre...

Habituellement, j'essayais de garder mon identité secrète...Mais elle ne semblait pas du type à me vouloir du tord... je le sentais...

Puis elle me parla de la couleur de mes cheveux...
Je répondis sans une quelconque hostilité.

Mes cheveux sont ce qu'ils sont.

Gwendoaëlline se sentit soulagée en entendant la voix, toujours posée, du jeune homme derrière elle. Elle acquiesça vaguement à sa remarque sur ses cheveux. Néanmoins, quand elle réalisa que le jeune homme ne savait rien de sa venue avant son arrivée sur l’île, elle se sentit triste pour lui. Ce devait être terrible de ne rien savoir de son passé, et ignorer s’il y avait des gens qui auraient du nous manquer…La jeune fille ne dit rien pendant quelques instants, pensant ingénument que l’inconnu devait être profondément triste de cet oubli capital et qu’il préférait se taire. Finalement, elle se dit que, quitte à devoir commencer une deuxième vie, ce n’était pas plus mal de ne rien savoir de la première. En tout cas, Gwendoaëlline ne ressentait aucune fierté de son ancienne vie, et pour cause. Au moins, Effenrir pouvait s’inventer un passé follement intéressant… Peut-être même était-il le fils d’un seigneur important… ou encore, dans une autre époque, un combattant intergalactique ?
Gwendoaëlline en était là de ses pensées lorsqu’ils débouchèrent dans la rue principale, fort encombrée en ce jour de marché. Elle fit signe à Effenrir de ne pas la perdre de vue, sinon ils seraient séparés. Elle lui dit, au milieu de la foule :

-Vous savez, en fait, c’est pas très important, le passé, non ? Le principal c’est l’avenir. Et puis, c’est comme une grande enquête… Vous avez sûrement gardé des souvenirs inconscients de votre passé. Ca peut être intéressant… En tout cas, je suis sûre que pour certains passés, c’est aussi bien de ne rien savoir .Enfin bref, ça ne me regarde pas, et vous n’avez sûrement pas envie de parler de ça. Ah, c’est ici !

Elle venait de reconnaître la rue adjacente qui menait à l’auberge. Elle s’y engagea, puis attendit quelques secondes que Effenrir la suive pour continuer.

Je traversais tranquillement la foule, évitant habilement les chocs inutiles.
Il y avait plus de monde, beaucoup plus de personnes qu'il y avait à peu près une heure...
C'était sûrement l'heure d'affluence.

Quand je vis le signe de Gwendoaëlline, je pressais légèrement le pas...
Alors que je me rapprochais d'elle, celle-ci me parla à travers le bruit de la foule, mais d'une voix assez forte pour que je puisse distinguer ses paroles...

Le passé ne m'interessait aucunement.....
Je suivis Gwendoaëlline qui me mena à une petite rue qui partait de la voie principale.

En voyant qu’Effenrir ne parlait pas, Gwendoaëlline décida que ce n’était pas un bon sujet. Elle marcha donc quelques instants en silence. Sentant le silence s’installer d’une façon de plus en plus pesante, elle décida de lui parler de la taverne.

-Vous allez voir, c’est assez… particulier, comme endroit. Je veux dire, l’auberge ! Enfin, vous verrez bien. On arrive même des fois à s’y sentir bien. Le patron est toujours un peu dur, mais jamais avec les clients. Les femmes y sont bizarres, les habitués aussi… un peu tout le monde. Des fois, continua-t-elle en se rappelant d’un seul coup l’inconnu, on en voit même des plus bizarres. Enfin, c’est un étrange rassemblement de gens étranges. On y est presque… Voila, c’est ici !!!!

De l’extérieur, la porte de l’auberge paraissait assez minable, et des bruits de chopes et autres récipients se faisaient entendre de loin. Gwendoaëlline, habituée, n’y prit pas garde, ouvrit toute grande la porte et disparut dans l’entrée d’où se dégageait la lumière du grand feu ininterrompu depuis l’automne.

Je m'arrêtais devant le bâtiment qui se présentait à moi...

Il était très vétuste mais semblait tenir le coup... enfin à première vue...
L'odeur de l'alcool commencait déja à se faire sentir... De la musique résonnait de l'intérieur ainsi que des voix...

*...Intéressant...*

Je ne pouvais pas trouver meilleur endroit pour récolter des informations que là où tout le monde se fichait complètement de se faire entendre...
Les paroles étaient même encore plus fortes que la musique...

Je tournais la poignée et je pénétrais à mon tour dans la taverne.

Le nez en l'air, Crysbald se retrouva bientôt à errer dans des ruelles un peu louches, sans savoir où aller. D'ailleurs, elle avait oublié où elle était censée dormir cette nuit...
Elle pourrait peut-être retourner voir ces gentilles dames, dans les tours.
Quelles tours, déjà ?
Elle avait oublié où ces bureaux se situaient.
Un chat passa dans la ruelle ; elle s'accroupit et l'appela d'une voix chantante. L'animal pointa son museau dans sa direction, et elle se permit de caresser son pelage luisant d'une main tremblante.
Même avec les chats, elle se montrait maladroite et complexée.
Elle se demanda un instant s'il y avait un monastère, sur l'ile. Ce serait sans doute la meilleure place pour elle. Elle n'avait pas fait d'étincelles, aux bains...
C'était peut-être la meilleure solution pour ne pas faire d'incendie, d'ailleurs.
Ses pensées s'égaraient tandis qu'elle s'avançait dans un labyrinthe de ruelles de plus en plus mal famées.
Ses pieds s'emmélèrent dans sa cape, et elle tomba sur le sol froid et humide, à coté de poubelles renversées.
A terre, elle commença à pleurer.
Elle regrettait sa vie d'antan, ses parents, le capitaine qui lui avait donné une si jolie cape...
Ses larmes coulaient sur ses joues laiteuses salie par la mer, laissant sur sa peau des sillons plus clairs.
Ses cheveux désechés par le sel pendaient lamentablement sur son front ; elle se redressa pour se laisser tomber contre le mur, désespérée.

Feidreiva sortit de la taverne en adressant un sourire éclatant aux clients, contrairement à son habitude d'ignorer les êtres qu'elle considérait comme inférieurs, ces brutes puantes d'hommes.
Seuls certains spécimens méritaient qu'on s'y arrête.

Fey jeta un regard derrière elle, histoire de voir si la serveuse la suivait toujours.

- J'espere que vous savez ce que vous faites ce soir.

Ce soir, c'était Noël, et Fey, elle, ne savait pas vraiment ce qu'elle allait accomplir pour l'instant. Peut-être une visite à sa logeuse. C'était de loin l'être qu'elle supportait et connaissait le mieux.

Cette pensée était d'ailleurs un peu déprimante sur les bords...

Les deux femmes avancèrent le long des rues. Comme tous les chemins menaient à Romes dans le temps, sur Kerya, tout les chemins menaient à la tour du ciel, monument imposant qui dominait la cité.

Fey arriva à l'endroit où gisait Crysbald...

Feidreiva, après un dernier regard insolant (du moins est-ce que qu’il sembla à Gwendoaëlline) pour l’intérieur de la taverne, se lança dans les rues. La serveuse lui emboîta le pas avec difficulté, car elle était beaucoup moins à l’aise à marcher que l’élancée et adroite Calanis.

Quand cette dernière lui parla du réveillon de Noël qui approchait, Gwendo ressentit un peu de nostalgie. Là où elle avait grandi, le soir de Noël, il y avait toujours de la viande pour tout le monde, et quelqu’un pour chanter de belles chansons ancestrales dans la vieille langue, celles des guerriers des jours anciens. Elle aurait fini par s’endormir sur les genoux fripés d’un conteur qui passait par là et à qui on avait accordé une place, l’esprit caracolant dans des plaines immenses, à la découverte de toujours plus de territoires.

Noël était bien l’unique chose qu’elle pouvait regretter de sa vie d’avant. Elle soupira et dit simplement à Feidreiva :

- Il y aura beaucoup de monde à la taverne, ce soir. Il faudra que je sois très présente pour aider le patron, avec tous les gamins que les marins vont ramener. D’ailleurs, je ne dois pas rentrer trop tard…

Elle avait à peine fini sa phrase qu’au détour d’une ruelle, elles tombèrent sur une jeune fille en train de pleurer toutes les larmes de son corps. Gwendoaëlline ressentit aussitôt un torrent de compassion déferler en elle. Combien de fois s’était-elle cachée de même pour pouvoir soulager son chagrin à son aise ? Le seul problème était quand quelqu’un la découvrait, ce qui était précisément le cas ici.

N’écoutant que son cœur, Gwendo s’approcha de la jeune fille, s’agenouilla, et, pour la réconforter, lui passa un bras autour des épaules et commença à lui parler maladroitement.

-Chut, c’est pas grave, j’en suis sûre, tout va s’arranger, tiens, il faut aller boire quelque chose de chaud, tu dois être gelée…

Sans réfléchir, elle continuait de caresser les épaules fatiguées de la jeune fille à terre.

Dans les ruelles sombres et mal famées, où la blancheur de la neige apporte propreté et clarté au début, puis boue et saleté, l'intrusion du petit garcon est un festival de couleurs et de mouvements.
L'écharpe rouge est visible, première chose que l'on remarque.

Il débarque dans une ruelle, et se stoppe d'un seul coup. Il y a du monde dans cette ruelle. Trop de monde.

Serrant toujours dans son poings le médaillon, le petit garcon continue de fuir, et dépasse les femmes et jeunes filles qui bloquent la ruelle en courant, sans se retourner.

Il ne sait pas si le monsieur l'a suivi, il l'a en réalité déjà oublié. S'il courre maintenant, c'est pour apporter la trouvaille à sa maman... Chez les humains...

John John avait presque rattrapé le garçon quand il prit encore une autre direction. Cette fois la partie semblait perdue. Tant pis. Et puis, de toute manière, qu'aurait-il fait en attrapant ce garçon, lui qui avait toujours peur de tout ?
Il espérait au moins que ça lui apprendrait le respect et qu'il ne lancerait plus de bâtons à n'importe qui.
...
Bref, John pensait, et n'agissait pas. En fait, il avait faim et soif, mais ça ne le dérangeait pas plus que cela. Sa priorité était maintenant de savoir où il avait débarqué, rencontrer les dirigeants et signer une espèce de traité de paix... un machin... un truc comme ça quoi.
...
Il décida donc d'abandonner pour le moment sa poursuite du petit garçon, il la reprendrait plus tard, dans un jour ou deux, car mine de rien, il s'était bien amusé à lui courir après...
John prit un chemin différent, vers ce qu'il pensait être le centre de la ville, cette immense tour, quand son attention fût attirée par une dame exquise, qui regardait vaguement deux filles plus ou moins à terre. Cette femme portait un grand manteau et semblait être mieux habillée que la plupart des personnes qu'il avait vues, et était donc peut être quelqu'un de plus ou moins grande importance dans cet endroit...
...
-Excusez moi, gente dame. Je suis Lord John Charles John John, cousin et émissaire du roi Philipp II d'Angleterre. Je suppose être bien arrivé en Amérique, mais comment se nomme cette étrange ville, je vous prie ? Savez-vous comment contacter les dirigeants ?

Fey avait regardé le petit garçon courir avec indulgence. Elle le connaissait. C'était un de ses petits rayons de soleil personnels. Elle allait retourner à la comtemplation passive de la petite Gwendoaëlline, lorsqu'un étrange étranger s'incrusta dans son champ de vision.

"Excusez moi, gente dame. Je suis Lord John Charles John John, cousin et émissaire du roi Philipp II d'Angleterre. Je suppose être bien arrivé en Amérique, mais comment se nomme cette étrange ville, je vous prie ? Savez-vous comment contacter les dirigeants ? "

Elle resta un moment estomaquée.

*C'est quoi ce plouc?*

Avant de percuter le titre de Lord. Un lord, ça pouvait être enrichissant... Elle lui sourit finalement, et extirpa d'une des profondes poches de son manteau son briquet d'argent, et une cigarette. La grande femme prit le temps de s'allumer sa clope tranquillement, et de souffler une bouffée de nicotine vers le ciel, avant de demander, gardant un oeil sur les jeunes filles à terre.

- Vous êtes sur Kerya cher Lord ...

Elle eut une hésitation:

- Lord John... Charles... enfin bref, qu'est ce que vous voulez aux dirigeants?

Elle avait surtout retenu les "John" qui revenaient à répétition.

John fut étonné de la lenteur de cette femme à répondre. Soit elle cherchait les réponses aux questions, soit elle n'avait pas peur de faire attendre un Lord...
Elle se mit à prendre deux choses étrange, une qui servait à fumer, sans doute un nouveau genre de cigare, et une autre qui pouvait visiblement faire du feu juste en appuyant sur un bouton ! Sacré américains ! Si ils pouvaient faire du feu aussi aisément que ça, alors le roi aurait du souci à se faire s'il voulait utiliser la force pour calmer la situation ...

"C'est un cigare ? C'est fait avec quelle quantité de tabac ? Vous savez que c'est très à la mode à la Cour le cigare en ce moment ? En fait, tout ce qui vient d'ici, d'Amérique, l'est, ou presque. On aime beaucoup les pommes de terre aussi."
...
John se rendit alors compte qu'il racontait des choses de dernière importance, mais peut-être que ça aiderait à se faire apprécier de cette femme.
Mais il fallait revenir au sujet qui l'intéressait pour le moment :

"Kerya ? Jamais entendu parler... C'est loin de New York ça ? Où est-ce que ça se situe ?
Quant à ce que je veux aux dirigeants, tout simplement un arrangement de paix. Vous savez, pour éviter qu'on se tape dessus."
...
Lord John Charles John John, cousin et émissaire du roi Philipp II d'Angleterre, n'avait pas relevé qu'on ne l'avait appelé que Lord John Charles. Il était bien trop habitué pour ça...

Ce qui lui rappela qu'à la Cour beaucoup de personnes ne préféraient pas l'appeler à cause de cela. Peut-être devrait-il raccourcir son nom ? ...

Crysbald n'avait pas tout de suite fait attention à Gwendomachinchose (désolé, c'était trop tentant ^^) ; mais la main apaisante qu'elle sentait sur son épaule lui fit vaguement comprendre qu'elle n'était plus seule.

- Oh !
Elle avait mis dans cette exclamation toute la pudibonderie de son éducation et de son époque. Elle se redressa immédiatement et essuya les deux perles qui ruisselaient sur ses joues.
Elle dévisagea les personnes qui s'étaient attroupées autour d'elle.

*Moi qui pensait avoir trouvé un endroit tranquille pour pleurer... vive la discrétion !*

Le regard dans le vide, une nouvelle prise de conscience la laissa penser que tout ces gens attendaient peut-être une vague explication. Elle se décida à fixer celle qui l'avait consolée, la jeune femme en question lui faisant moins peur que les autres. L'homme lui rappelait son précepteur qui lui avait inculqué de force des rudiments de trigonométrie et autres absurdités dont elle n'avait cure ; l'autre femme lui semblait familière, mais elle n'aurait su dire pourquoi.

- Je suis désolée...

Comprenant que cette ébauche ne suffirait pas, elle entreprit de balbutier dans les cinq langues qu'on lui avait enseigné, aucune d'entre elle n'en devenant intelligible pour autant. Finalement, elle se tut, et lissa dans un silence géné les plis de sa cape à présent pleine de boue.

Gwendoaëlline laissa Crysbald se relever, s’exclamer avec toute la pudibonderie de son éducation et de son époque, puis tenter de justifier ses pleurs. Un peu étonnée d’avoir trouvé quelqu’un qui pouvait rivaliser avec elle en timidité, le serveuse lui adressa un gentil sourire quand elle se tut, sans s’étonner plus des divers langages qu’elle avait employé. Elle avait l’habitude, avec les gens du port…

-C’est pas grave, hein ? Enfin, c’est dommage pour ta cape, elle est toute sale…

Sans en avoir conscience, elle continuait sur le tutoiement qu’elle avait employé au premier abord, sans penser que ça pourrait gêner la personne en face.

-Comment tu t’appelles ? Qu’est ce qui t’arrive ?

*Mais je fais n’importe quoi, je la connais même pas ! On n’a même pas été présentées ni rien… Bon, c’est pas grave, c’est pas comme si c’est un espèce d’homme bien habillé, avec une immonde face de noble complètement riche, stupide et arrogant, qui estime que tout lui est du et qui considère le commun des mortels comme de la gnognotte…*

Ce pensant, Gwendo pivota légèrement sur elle-même pour laisser le temps à Crysbald de remettre de l’ordre dans sa tenue et ses idées sans que personne la dévisage. C’est à peu près à ce moment qu’elle aperçut un homme bien habillé, avec une immonde face de noble complètement riche, stupide et arrogant. Du moins est-ce la première réaction qu’eut Gwendoaëlline. La seconde fut de faire un pas en arrière. Les rares fois où elle avait vu des hommes comme Lord John Charles John John, ils étaient en train de frapper des paysans. Le noble (car c’était un noble, avec cette tête, c’était sûr…) devait être en train de parler avec Feidreiva, car il était dirigé vers elle et semblait attendre une réponse.

*Tiens, tiens, ben s’il est affreusement arrogant, il va trouver son maître… Je devrais écouter, j’ai peut-être déjà raté des répliques intéressantes…*

Gwendoaëlline laissa un petit sourire se glisser sur ses lèvres et revint au niveau de Crysbald. Avec une habilité à faire deux choses en même temps qui lui était peu coutumière, elle mit une main sur l’épaule de le jeune femme et simultanément, elle jeta un regard à Feidreiva qui voulait dire à peu près : « Moi je m’occupe d’elle, toi de lui, mais bon, on reste proches, parce que je voudrais pas louper ça, et puis j’aimerais quand même revoir Tjaal, sans oublier l’auberge… Fais comme tu veux, je te suis ». Le tout en une fraction de seconde.

*Mouais, si elle a pas pigé, on peut pas lui en vouloir…*

Un arrangement de paix? Il ne savait donc absolument pas où il avait débarqué celui là...
Fey porta une de ses mains gantées à sa hanche, retroussant son manteau et dévoilant sa petite robe rouge sang au décolletté plongeant légèrement dissimulé par son écharpe de soie noire.
Fumant négligement sa cigarette, elle laissa son regard dériver vers les jeunes filles.

*Tiens, la petite pleurnicheuse a réagit...*

Elle surpris le regard de Gwendo, et y répondit par un sourire. Ses yeux dévoilait un message clair.

*Ne t'inquiète pas*

Pensant d'abord expliquer au lord exactement où il se trouvait, Feidreiva préféra s'amuser un peu.

- Je vais vous conduire voir les dirigeants dans ce cas.

Après tout; c'est là qu'elle allait, il ne lui coûtait rien de l'accompagner, et elle allait sûrement se payer du bon temps à le regarder s'agiter.

- Alors ma puce, vous allez mieux?

La grande femme s'était adressé à Crysbald avec douceur, mais n'attendit même pas la réponse, et demanda a la petite serveuse:

- Nous y allons quand vous le demandez ma grande!

*Elle se fiche de moi. Je vais quand même éviter de l’appeler « ma petite », ça briserait un peu une illusion... Enfin bon, elle a tout compris, décidément, elle est très forte… Je vais rester bien gentiment à faire la stupide à côté d’elle*

-Très bien. Bon, et bien, partons.

Gwendoaëlline se tourna vers la fille qui avait pleuré. Elle ne réagissait toujours pas, et la serveuse commença à se poser des questions. Néanmoins, elle lui demanda d’une voix très douce :

- Tu veux venir avec nous ? C’est peut-être mieux, tu pourrais rencontrer des gens étranges ici… Et puis, avec un Lord à côté de toi, tu ne crains rien…

Elle envoya un sourire timidement affable à Lord John Charles John Charles John John (à peu près) et se retourna très vite en se mordant l’intérieur des joues. Ce Lord n’avait pas vraiment la tête d’un héros…

- Et si tu t’es perdue, on va vers le centre de la ville, dans la grande tour, tu pourras t’orienter… Mais c’est comme tu veux bien sûr.

Elle avança d’un pas vers Feidreiva pour inciter Crysbald à la suivre.

Crysbald était restée perdue dans ses pensées (et dans sa table à dessins. Sorry tout le monde ^^) ; elle réagit tout de même à l'entente du "ma puce" qui la vexa infiniment. Non mais, pour qui se prenait-elle, celle là ?

*Tout compte fait, étant dans une cape boueuse, les joues sales, des larmes encore au coin des yeux, et par terre dans une ruelle, cela peut se comprendre.*

Elle décida tout de même de suivre Gwendoaëlline. Pas les autres. Ils avaient l'air trop bizarre. Et puis pas sympathique (na :p et bim dans vos g***** ! Pardon ^^). Et de toute manière, on ne lui laissait pas vraiment le choix.
C'est alors qu'elle prit une grande décision, qui allait peut-être boulverser sa vie. A partir de maintenant, elle deviendrait quelqu'un. Elle se regarda dans un flaque d'eau ;

*Yeurk... ca va être dur. Peut-être que cette fille, là, Charlène, pourra m'aider... pas celle qui est là, en tout cas. Elle a la classe, certes, mais elle me prend pour du crottin de cheval. Je vais lui montrer, moi...*

- Oui, je viens. Excusez moi, j'étais un peu perdue... je viens d'arriver ici, vous comprenez ?

*Wouao ! Bravo ! Trois phrases entières. Enfin, deux et demie. Ca vient !*

- Je m'appelle...

*Mince. Pas le moment d'oublier, ma grande... ah, ça me revient.*

- Crysbald Grettak. Et vous ?

Deux espèces de gueuses venaient de prendre la parole, et de s'adresser en partie à un noble, sans autorisation ! Mais bon, il faudrait bien faire abstraction de ces quelques règles dans ces étranges contrées lui avait-on dit ... Il parait que les nobles sont très rares en Amérique, et qu'il fallait donc se montrer indulgent envers toutes ces personnes peu éduquées.
Voilà qu'on lui demandait son nom ! C'est la meilleure ça ! On dirait une grosse blague ... C'est la meilleure !
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Pour ma part je m'appelle Lord John Charles John John. Cousin et émissaire du roi Philipp II d'Angleterre en ces contrées pour ramener la paix. Je suis arrivé il y a peu de temps. Quant à la remarque de cette demoiselle, désignant Gwendoaëlline O’Minmahl, Il est vrai que peu de personnes en ce monde se risquerait à attaquer un Lord armé, il désigna alors le fourreau de son épée courte, en pleine ville. Il faut être fou pour ne pas savoir que nous sommes durement entrainé au combat ! Cependant, John marqua une pause, pour dire quelque chose au sens profond, et en laissa une ainsi entre chaque idée importante, sachez-le, la meilleure défense, la meilleure façon de ne pas se laisser désarçonner par son adversaire, le plus grand geste de survie, est d'aller droit de l'avant, vite, de préférence, sans passer à côté de son adversaire, et de ne jamais regarder derrière, comme ne le fît pas la femme de Lot au sortir de Sodome !
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Ainsi parla Lord John Charles John John...
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» Dans une chambre