Crysbald poussa timidement la grande porte métallique peinte en noir qui fermait son nouveau logement. Elle n'avait jamais vécu seule, même pour une nuit... Le panneau glissa sur une moquette gris clair qui recouvrait un hall éclairé par une grande fenêtre. Elle pénétra dans l'appartement et referma sans bruit la porte derrière elle. Visiblement, l'endroit n'avait pas abrité grand monde depuis sa construction. Les meubles d'un confort moderne qu'elle découvrit dans les pièces fleuraient encore bon le plastique et le bois ciré, et rien ne laissait apparaitre qu'une personne aie vécu ici.
Elle s'aventura dans un couloir qui traversait l'appartement de part et d'autre, laissant sa main glisser sur le papier peint blanc orné de feuilles d'acacia grises et d'arabesques assorties. Une porte, sur la droite, donnait sur une salle de bain réduite mais plutôt luxueuse, pourvue d'une carrelage couleur ivoire et de lambris de bois aux couleurs chatoyantes. Une baignoire crème faisait également office de douche, protégée par un rideau aux inclusions de perles nacrées. Le lavabo était surmonté d'une grande glace éclairée par des spots métaliques, et, élement indispensable de toute maison, les WC tronaient dans un coin de la pièce. Le carrelage était recouvert au milieu d'un tapis moelleux beige clair.
Elle sortit et continua son exploration ; toujours sur la droite, une chambre dans les bordeaux et écrus, simple mais coquette, était meublée d'un lit double (elle rougit à cette vue) recouvert d'un couvre lit cramoisi et de deux oreillers blancs, une descente de lit recouvrait un parquet de pin beige très clair, et enfin, une armoire et un secrétaire de bois clair verni.
Elle dénicha à gauche de la maison une salle à manger éclairée, en vert et bois, pourvue d'une simple table en bois sombre et de chaises recouvertes de coussins en lin vert broché. Les murs de lambris étaient peu décorés, et la pièce donnait directement sur la cuisine et le salon. Une cuisine américaine, dans les inox et blanc, où seul un vase de fleurs mauves dessechées mettait une touche de couleur, et un salon dans les ocres et jaunes comptait un canapé confortable couvert de petits coussins et un gros fauteuil, ainsi qu'une télé petit écran et une chaine hifi.
Tout le confort moderne, en somme... elle était impressionée par tout cela, toute cette technologie qu'elle n'avait jamais vue, et tout ce qu'on lui offrait à elle, fillette insignifiante et inconnue... Elle esperait qu'elle pourrait garder ce logement même après son integration, car malgré sa hauteur (le 36eme étage), il était parfait, et un ascenceur (elle avait enfin compris le fonctionnement !) déservait tous les étages. Le loyer devait être malgré tout modéré, car l'appartement était d'une taille modeste et situé tout en haut d'une tour, ce qui rebuttait pas mal de locataires.
Elle s'allongea un instant sur le lit, puis tatonna dans sa poche : quelque chose venait de bouger ! Le loir pointa timidement son nez hors de sa veste, où il avait visiblement trouvé quelques vieux biscuits à grignotter.
- Salut, toi ! Tu m'aimes bien, ou je me trompe ?
Le loir remua sa queue et fourra son museau contre la joue de la jeune fille, comme pour lui confirmer son attachement, et se blottit autour de son cou.
- Tu es mon seul ami, ici...
Elle glissa sa main à sa taille et décrocha une bourse en peau de chèvre remplie de petites pièces de monnaie ; elle pourrait peut-être les changer contre la monnaie locale... en attendant, elle allait se faire des pâtes : elle en avait remarqué un sachet dans la cuisine. Elle se leva, le loir toujours avec elle, et fit ce qu'elle avait décidé.